Ligue des Champions (2024/2027) : le pari à 480 millions de Canal+

Ligue des Champions (2024/2027) : le pari à 480 millions de Canal+

En faisant tapis sur les compétitions européennes, Maxime Saada et ses équipes mettent la pression sur une Ligue 1 dont ils estiment publiquement pouvoir se passer.

Plus d’un lecteur de L’Équipe a dû recracher ce matin son café en découvrant ce chiffre. Le quotidien sportif estime en effet le montant de la Ligue des Champions et des autres compétitions de clubs organisées par l’UEFA en France à près d’un demi milliard d’euros par saison à compter de l’édition 2024/2025.

Ce montant, si il peut surprendre, est cohérent au regard des éléments dont nous avons connaissance. D’une part, nous savions que l’UEFA avait de grandes ambitions en matière de revalorisation des droits, suite au changement de formats et à l’augmentation du nombre de matchs, comme de soirées de compétitions. La croissance est d’autant plus justifiée que le marché français devrait récupérer un club supplémentaire pour l’occasion.

D’autre part, l’attribution s’est faite à l’issue du premier tour d’offres, laissant apparaitre le fait que Canal+ a saisi les attentes financières de l’instance, mais également que la concurrence était bien en deçà des montants validés par Vincent Bolloré.

Du côté de l’UEFA, cette première attribution permet d’envoyer un message clair au marché : il va falloir casser la tirelire pour suivre la nouvelle cadence. Les premiers acteurs concernés sont outre-manche. La remise des offres pour le Royaume-Uni coïncidait avec le marché français et BT Sport, désormais absorbé par Warner Bros Discovery, ne pourra pas se contenter d’un niveau équivalent, comme ce fut le cas il y a trois ans.

La dernière brique majeure pour un Canal+ viable sans Ligue 1

Cette attribution revêt toutes les caractéristiques d’un échange de bons procédés. Canal+ offre à l’UEFA l’occasion de débuter son cycle en trombe, tandis que l’UEFA permet à Canal+, qui aurait selon Le Monde demandé à anticiper cet appel d’offres, de montrer les muscles, et de rassurer quant à la solidité de son offre sportive à moyen terme.

Surtout, Canal+ dispose désormais de la possibilité d’ignorer, ou de feindre d’ignorer le prochain appel d’offres pour la Ligue 1. La chaine, en conflit ouvert avec la LFP, peine toujours à digérer la revente à Amazon des droits de 80% de la Ligue 1 pour un prix défiant toute concurrence. Depuis juin 2021 et ce choix des clubs professionnels, Canal+ souhaite se débarrasser du contrat signé avec la LFP. Même si jusqu’à présent, toutes les tentatives judiciaires furent vaines, la volonté de désengagement passé le contrat actuel, soit à l’été 2024, est toujours officiellement la même.

Pour crédibiliser la menace, Maxime Saada a pris l’habitude de communiquer sur les audiences de ses produits phares, tels que la Formule 1, le Top 14 ou la Ligue des Champions, pour mieux rabaisser la valeur de la Ligue 1. Tout en omettant de rappeler que le football français est désormais privé d’exposition sur la chaine premium, ce qui fait mécaniquement baisser ses audiences, et que l’intérêt économique des feuilletons sportifs pour son groupe se trouve plus dans la quantité d’abonnements générés que dans l’audience produite.

Il n’empêche que cette acquisition s’insère dans un discours visant à crédibiliser une offre sportive de long terme dépourvue de Ligue 1, afin d’arriver lors du prochain appel d’offres en position de force. Sur ce point, c’est une réussite, puisque les principaux droits de la chaine sont désormais sécurisés sur le long terme, comme se plait à le rappeler le communiqué célébrant la victoire (Premier League : 2025 ; Ligue des Champions, Top 14 : 2027 ; Moto GP, Formule 1 : 2029).

Un montant difficile à assumer seul

Même en se délestant du poids de la Ligue 1 (332M€ par saison), Canal+ pourra cependant difficilement assumer seul le coût financier de cette opération alors que cette saison, la facture de la Ligue des Champions et de la Premier League était partagée avec RMC Sport, mais également que les renégociations de la Formule 1 et du Top 14 ont entrainé une revalorisation du montant de ces droits.

Il faudra également assumer le coût éditorial de retransmission des 550 matchs achetés par saison. La solution la plus évidente serait de s’associer à nouveau avec beIN SPORTS. L’économie sur le plan financier sera cependant relative puisque la chaine est sous contrat de distribution exclusive avec Canal+. L’argent apporté par beIN SPORTS provenant du minimum garanti par Canal+, l’équation du financement reste dans ce modèle entièrement à la charge de la chaine cryptée.

Enfin, la stratégie « Zéro Ligue 1 » n’a pour l’heure pas fait ses preuves en conditions réelles. Disposer des seuls droits exclusifs de la Ligue des Champions et de la Premier League, est-ce suffisant pour retenir les amateurs de football ? Là est le cœur de la question, alors que RMC Sport s’est cassé les dents en proposant ces deux droits exclusifs à la rentrée 2018, mais dans une position bien plus inconfortable de challenger sur le marché.

Zéro Ligue 1, vraiment ?

La prochaine étape sera orchestrée par la Ligue de Football Professionnel, ou plutôt par sa nouvelle société commerciale, en lien avec le fond d’investissements CVC. La vente des droits de la Ligue 1 pour la période 2024/2028 s’annonce complexe. La réussite de cette entreprise reposera sur la capacité à mobiliser Amazon et de nouveaux acteurs en capacité de proposer des montants conséquents, puisque Canal+ est dans une position de force, en pouvant se permettre de ne pas participer à la consultation.

Cependant, en fonction de l’issue de l’appel d’offres, la chaine cryptée aura la possibilité de revenir dans le foot français en maitrisant les montants misés. En cas de succès pour la LFP, la chaine pourrait bien entamer les négociations avec d’éventuels vainqueurs pour troquer de la Ligue 1 contre de la Ligue des Champions. A l’inverse, Maxime Saada pourra savourer sa vengeance en cas d’échec de la consultation faute de concurrence. Les montants en jeu, cependant, ne lui permettront pas d’enfiler seul le costume du sauveur, sauf à mettre en péril les comptes de son entreprise.

Si il y a donc un élément à retenir de cet épisode, c’est probablement que les équilibres post-2024 graviteront autour de Canal, mais que la chaine du groupe Vivendi, le football français et les téléspectateurs devront compter à minima sur une deuxième force pour maintenir la structure en état. Reste à savoir laquelle.

Un commentaire

  1. canal+ à deux seuls affiche de la League des champions le reste sur Bein sport il achète une fortune pour avoir que 2 match bizarre

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