Droits TV Ligue des Champions (2024/2027) : l'UEFA espère ouvrir une nouvelle ère

Droits TV Ligue des Champions (2024/2027) : l’UEFA espère ouvrir une nouvelle ère

L’instance européenne attend ce mercredi les offres pour ses deux principaux marchés dont la France. Et en veut toujours plus.

« Si tu joues moins, les salaires baissent ». Le ton est donné par le président de l’UEFA en personne, interrogé sur les critiques émises par certains footballeurs et entraineurs concernant la surcharge du calendrier international. Il n’est pas question de raréfier le produit. Bien au contraire, il faut multiplier les matchs pour offrir toujours plus de contenus à destination des supporters du monde entier, et par conséquent des diffuseurs du monde entier.

Un nouveau format « Suisse » loin d’être neutre

Pour ce faire, et en réponse aux velléités sécessionnistes d’une partie des clubs les plus riches de la planète, l’UEFA  a adopté une nouvelle mouture de ses compétitions européennes à compter de la saison 2024/2025. Le format de référence à 32 équipes, 8 groupes et 6 matchs en phase de groupes, utilisé depuis la saison 2003/2004, est rangé au placard. Il laisse place à un format à 36 équipes, un groupe unique et 8 matchs en phase de groupes en abandonnant les confrontations Aller/Retour. La Ligue Europa hérite du même format tandis que la Ligue Europa Conférence proposera 6 matchs de poules aux 36 qualifiés.

Afin d’optimiser la durée de la phase de groupes, celle-ci sera désormais répartie sur 10 semaines, chaque compétition disposant d’une semaine où elle sera la seule programmée. Aussi, la Ligue des Champions devrait avoir la primeur de la semaine inaugurale chaque saison, avec, comme révélé par L’Équipe, une affiche « de lancement » le premier jeudi.

Cette nouvelle configuration est évidemment conçue pour les « fans ». Ceux-ci bénéficieront chaque semaine européenne d’affiches de prestige qui vont nécessairement les attirer avec un intérêt constant. En voilà une extraordinaire nouvelle pour des diffuseurs potentiels.

Pour tenter de faire simple, jusqu’à présent, nous réservons 29 soirées pour la Ligue des Champions à partir de la phase de groupes. A l’avenir, l’UEFA, bien généreuse, nous en propose 34. Coté matchs, la plus prestigieuse des compétitions en proposera 189 en lieu et place des 125 actuels. La Ligue Europa disposera également de 189 matchs alors que la Ligue Europa Conférence se contentera de 153 affiches. Il ne faudrait pas en abuser.

La dernière trouvaille pour faire monter les enchères, révélée par L’Équipe, consiste en la création d’un tournoi de pré saison avec 4 équipes majeures du continent, dont le tenant du titre de la Ligue des Champions. Les 4 matchs seront vendus au sein d’un des deux lots premium de C1. La Supercoupe d’Europe se contentera des vainqueurs en titre des deux Ligue Europa, et devrait par conséquent être commercialisée avec le lot Premium de ces compétitions, actuellement co-détenu en France par Canal+ et W9/M6.

Une commercialisation anticipée histoire de faire monter les enchères au rythme du thermomètre

Passés ces quelques évolutions, les habitudes de Team Marketing, l’agence en charge de la commercialisation des droits, restent les mêmes. Aussitôt l’accord conclu avec l’UEFA pour trois années supplémentaires (plutôt que 6 traditionnellement, laissant une autre porte ouverte à l’horizon 2027) et le format entériné sur le plan « sportif », l’heure est venue de lancer les appels d’offres, au travers du continent, et du globe.

Pour débuter la commercialisation des droits d’un nouveau cycle, Team Marketing et l’UEFA ont pris l’habitude d’anticiper d’environ 18 mois l’issue du cycle en cours, et de sonder les valeurs sures en priorité. Cette année, la tradition n’est que partiellement respectée, puisque à l’image de la Ligue 1 en 2018 pour le cycle 2020-2024, la mise en vente se fait avec 24 mois d’avance. En revanche, les valeurs sûres sont toujours sondées en premiers, puisque la France et le Royaume-Uni ouvrent la danse.

Les principaux acteurs des deux premiers marchés de l’UEFA sur le cycle en cours ont reçu fin mai les contours de l’appel d’offres. Ils disposent de la possibilité de rendre leurs enveloppes jusqu’à ce mercredi 29 juin, 11h.

Côté anglais, l’UEFA espère bien pouvoir prolonger le partenariat noué depuis 2015 avec BT Sport, diffuseur de l’exclusivité des matchs. A moins de la récente fusion de la chaine sportive de l’opérateur British Telecom au groupe Warner-Discovery, propriétaire d’Eurosport, ne vienne bousculer cet équilibre. Et que Sky ou Amazon en profitent.

On prend les mêmes et on augmente ?

Pour le marché français, les lots sont similaires à ce qui a été proposé fin 2019. Sur le payant, la Ligue des Champions est séparée en deux lots premium (Celui du mardi et celui du mercredi, soit 42 matchs au total dont le tournoi de pré-saison, les barrages de la voie de la ligue, l’affiche du jeudi de la première journée et la finale en exclusivité payante) et un troisième lot comprenant le reste de la compétition. Sur le gratuit, un quatrième lot offre la finale en co-diffusion. Actuellement, les deux premiers lots sont détenus par Canal+ qui partage la facture avec RMC Sport, le troisième par beIN SPORTS et le dernier par TF1.

Il faut noter qu’à la différence d’actuellement, la France pourrait, sous condition de conserver sa cinquième place au coefficient UEFA, obtenir une troisième équipe assurée de jouer la phase de poules. Un quatrième club pourra tenter de se qualifier dans les mêmes conditions que le troisième de Ligue 1 actuellement. Cela pourrait avoir un impact sur la valeur du lot équivalent à celui actuellement détenu par beIN SPORTS.

Pour les deux autres compétitions que sont la Ligue Europa et la Ligue Europa Conférence, l’idée reste la même que la répartition actuelle : Le choix 1 de chaque journée de compétition et les finales pour le premier lot (à priori couplé à une obligation de diffusion en clair), le reste des rencontres pour le deuxième lot. Le nombre de rencontres évolue avec 20 matchs dans le premier lot (passage de 6 à 9 matchs en phase de poules et probable ajout de la Supercoupe d’Europe) et 323 matchs dans le deuxième lot contre 266 actuellement. Pour rappel, le premier lot correspond à l’offre co-détenue par Canal+ et W9 alors que RMC Sport propose en exclusivité le second à ses abonnés.

Les espérances financières de l’UEFA sont à la hausse. L’instance espère bien que Canal+, en conflit avec la LFP, s’alignera sur les attentes des joueurs, bien désireux d’augmenter leurs salaires en cette période d’inflation. L’épouvantail principal s’appelle Amazon. L’entreprise américaine a réalisé dans l’hexagone ses investissements sportifs internationaux les plus conséquents en s’arrogeant opportunément les droits de 80% de la Ligue 1 contre 250M€ par saison. Par ailleurs, Jeff Bezos apprécie ce produit en Europe puisque sa firme s’y est lancée à l’occasion du cycle en cours en Allemagne et en Italie.

Parmi les autres prétendants, il faudra évidemment surveiller RMC Sport et beIN SPORTS, diffuseurs sortants ayant plus ou moins envie d’être reconduits. Du côté de la chaine du groupe Altice, tout dépendra de la stratégie 2022 de ses dirigeants. Dans l’hypothèse « Stop », cela viendrait acter la fin des ambitions premium des chaines héritées de Ma Chaine Sport. Dans l’hypothèse « Encore », ce droit pourrait constituer une monnaie d’échange avec Canal+ dans l’optique de négocier une nouvelle sous-licence pour la Premier League, l’actuel contrat arrivant à expiration, et la chaine cryptée disposant des droits exclusifs des trois prochaines saisons.

Pour ce qui concerne beIN SPORTS, la chaine se verrait probablement bien continuer, mais devra le faire à priori au sein d’un écosystème économique raisonné, dans l’hypothèse d’une prolongation de l’accord de distribution exclusive par le groupe Canal.

Quelle sera la surprise du chef ?

Vous en avez pris l’habitude, ce type d’appel d’offres est fréquemment le théâtre d’une surprise, tant le football premium attise l’intérêt, en dépit d’un équilibre économique toujours plus bancal pour ceux qui tentent l’aventure, dans un contexte de développement des pratiques de piratage au sein de tranches d’âge de plus en plus élevées.

Le marché français n’en demeure pas moins fragilisé par les secousses des crises Covid et Mediapro. Certes, 2024 constitue le momentum idéal pour tenter de construire une nouvelle offre au regard des droits qui arriveront alors à échéance. Cependant, il sera très compliqué pour un entrant d’accéder à la Ligue 1, sauf à éventuellement payer d’avance.

Cette consultation devrait donc se jouer entre des acteurs implantés. La grosse côte, il en faut une, revient au plus discret d’entre eux, à savoir DAZN, l’autre acteur du streaming très dynamique en Europe, et partenaire de l’UEFA. C’est en effet le diffuseur en Europe de la Ligue des Champions féminine et en Allemagne d’une partie de la version masculine.

Voici donc une partie des tenants d’une compétition dont les enjeux économiques et sportifs n’ont jamais été autant complexes à saisir. Le dénouement est espéré dans les prochains jours, en fonction de l’engouement des diffuseurs dont les offres seront ouvertes mercredi à l’heure du déjeuner. En espérant que les salaires des joueurs leurs permettront toujours de se payer l’abonnement pour voir les matchs.

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