Droits TV : Toujours aucun diffuseur en France pour la Serie A

Le championnat italien peine à renouveler ses contrats sur plusieurs marchés phares.

Difficile reprise pour la Serie A. En dépit de la présence de Cristiano Ronaldo dans l’effectif de la Juventus, les affaires commerciales sont compliquées, alors que le championnat entame ce samedi un nouveau cycle médias de trois saisons (2021/2024).

Pour rappel, à l’échelle domestique et après plusieurs semaines de tractations, c’est DAZN, associé à Télécom Italia, qui a raflé l’intégralité des matchs, dont 7 en exclusivité. Sky Italia se contentant de trois matchs en codiffusion. Ces droits sont valorisés à hauteur de 927M€ par saison, un montant revu à la baisse (973M€ auparavant).

Un conflit avec beIN au plus mauvais moment

Les droits internationaux sont gérés par Infront. L’agence succède à IMG qui avait fait sensation en 2017 en proposant un minimum garanti à hauteur de 370M€ par saison. Cependant, l’an dernier, les relations commerciales se sont fortement dégradées avec beIN SPORTS, à l’occasion de la reprise post-covid. Plusieurs éléments ont conduit beIN Media Group a interrompre temporairement la diffusion des compétitions, et à ne pas candidater cette année sur l’important marché du Moyen Orient.

Or, la chaine sportive représentait une grande partie des revenus internationaux de la Série A. De fait, le nouvel accord avec Infront a été fortement revu à la baisse (139M€ par saison), mais ne comprend ni le marché américain (un deal à hauteur de 64M€ par saison a été signé directement auprès de CBS), ni le Moyen Orient. Sur ce dernier marché, une solution temporaire de diffusion sur Youtube a été prise la semaine dernière par l’AG de la Série A.

Toujours rien à signaler pour le marché français

Dans ce contexte, le marché français reste désespérément sans diffuseur. Le diffuseur actuel, beIN, a bien fait une offre sur ce marché, mais est devenu bien plus dur en affaires depuis l’entrée en application l’an passé du contrat de distribution de Canal+. La chaine, qui a prolongé cet été la Liga et la Bundesliga, se doit de confirmer son troisième championnat européen majeur afin de respecter les exigences écrites au sein du contrat signé avec Canal+. Aucune fumée blanche ne semble pour autant émerger, la chaine laissant l’impression d’avoir clairement abandonné ce championnat. La posture sera nécessairement clarifiée dans les heures et les jours à venir alors que l’échéance de la reprise va faire augmenter la pression populaire sur le diffuseur habituel.

Cette situation de blocage pourrait faire les affaires de la concurrence. En dehors de Canal+, qui devrait laisser beIN gérer seul ce dossier, plusieurs concurrents pourraient venir jouer les trouble-fêtes, et remettre en cause une situation défavorable à la Serie A. Il s’agit de RMC Sport et d’Eurosport (Discovery). Le premier est contre toute attente toujours actif dans le marché d’achats de droits à valeur moyenne (récemment ceux de la Ligue Europa) alors que le second pourrait trouver en cette situation une opportunité pour faire un coup et promouvoir encore plus nettement son offre OTT.

Le portefeuille de ces deux concurrents n’en demeure pas moins resserré que celui de beIN SPORTS. Dans cette situation incertaine pouvant aller jusqu’à la non-diffusion, la solution pourrait émerger d’internet. Amazon, qui nous vient immédiatement à l’esprit, a d’autres choses à faire actuellement sur notre marché. En revanche, ce produit pourrait permettre d’ouvrir au plus grand nombre la plateforme DAZN, dont les acquisitions françaises demeurent jusqu’à présent limitées (Quelques combats de boxe jusqu’à présent, la Ligue des Champions féminine dès cette saison).

A défaut d’acquéreurs, un accord temporaire avec Youtube est enfin possible, afin d’assurer une diffusion minimale au sein de notre marché, et de continuer à faire vivre les émotions du championnat italien à ses fans français par le biais de solutions légales. Et ce avec ou sans Cristiano Ronaldo.