Conflit Ligue 1 / Mediapro : Canal+ au cœur d’un poker menteur

logo Ligue 1 sur canal+ et téléfoot

Alors que l’échéance de décembre approche à grand pas, la tension monte pour le football français suite à l’arrêt du paiement de la part de Mediapro.

Le défaut de paiement de Mediapro continue d’alimenter l’incertitude pour les comptables des clubs de football professionnels français. Depuis début octobre, la LFP dirigée par Vincent Labrune s’active pour tenter de s’extraire d’une situation complexe. Sur le plan financier, des établissements bancaires ont été sollicités afin d’obtenir un prêt compensatoire qui s’est ajouté au prêt garanti par l’État contracté au printemps dernier pour compenser la rupture des contrats précédents en raison de l’interruption des compétitions.

La rupture du contrat toujours bloquée par la procédure de conciliation

Sur le plan juridique, la Ligue, qui aurait pu dénoncer le défaut de paiement dès le début du mois de novembre, doit attendre le verdict d’une conciliation en cours entre les deux parties. En effet, Mediapro, qui exploite la chaine Téléfoot, a saisi le tribunal de commerce de Nanterre afin d’obtenir des aménagements sur le contrat, du fait de sa trésorerie limitée. Cela lui offre avant tout du temps, pendant lequel les compétitions sont diffusées comme si de rien n’était, permettant de continuer à générer des abonnements, et même de proposer des promotions à l’occasion du Black Friday.

répartition des droits tv de ligue 1

Dans l’attente du rapport du conciliateur qui pourrait permettre à la LFP de rompre le contrat, ou à Mediapro, et par ricochet Canal+ et Free d’obtenir une ristourne, peu d’informations émergent.

Nous avons d’abord appris le 5 novembre via L’Équipe les exigences qui auraient été exposées par Mediapro auprès du conciliateur afin de reprendre les paiements. Une ristourne à hauteur de 170 à 200M€ serait exigée sur la saison en cours uniquement. En parallèle, le groupe aurait proposé d’étendre le contrat existant jusqu’en 2026 afin de compenser la perte d’exploitation conséquence de la crise actuelle.

Canal+ présenté comme diffuseur providentiel

Plus récemment, les intentions supposées de Canal+ ont fait l’objet de fuites dans un contexte où le secret des affaires est essentiel pour arriver à un accord, tant les dossiers sont complexes. Après avoir relayé sur son antenne radio le 17 novembre les déclarations de Jean-Pierre Caillot et Waldemar Kita, présidents de Reims et Nantes souhaitant un retour de Canal+, RMC annonçait le lendemain sur son site l’accélération des négociations entre la LFP et Canal+ pour la reprise de tout ou partie des droits. Et précisait que la chaine cryptée ne souhaitait pas s’empresser, alors que le produit est dévalorisé et que la situation juridique est délicate.

Les spéculations reprennent de plus belle avec l’annonce plus récente, le 23 novembre par L’Équipe, du fait que Canal+ serait disposé à faire une offre à hauteur de 700M€ par saison pour l’intégralité de la Ligue 1 (excepté le lot nomade de Free estimé entre 40 et 50M€). Le montant serait calculé par un minimum garanti assorti de compléments de revenus en fonction des abonnements générés par un retour éventuel de l’ensemble du championnat sur la chaine.

Communication minimale du côté de Mediapro

Cette dernière offre, bien que théorique, a le mérite de mettre la pression sur Mediapro. Le groupe sino-espagnol, pendant ce temps, ne s’est exprimé que par le biais d’une tribune dans le journal Le Monde en date du 21 novembre, cosignée par Julien Bergeaud et Jérémie Roudaire. Cependant, le conflit actuel n’a pas été évoqué, l’objet de cette sortie médiatique étant de défendre l’activité de production audiovisuelle du groupe. Un mois auparavant, une tribune signée par des représentants du secteur de la production dans le même journal était venue dénoncer la prise en charge en interne de la production de 80% des rencontres de Ligue 1 et Ligue 2, pénalisant les deux acteurs français en place, AMP Visual TV et Euro Media, qui se partageaient jusqu’alors ce marché.

Mediapro défend donc publiquement son activité de production au moment où les doutes ne cessent d’augmenter quant à la capacité de son activité de distribution à perdurer au delà de la conciliation judiciaire en cours. Canal+ semble prêt à récupérer l’ensemble des droits, mais en obligeant le football français à revenir à un montant plus ordinaire. A moins que ces sorties médiatiques ne dissimulent des négociations plus avancées au sujet d’un transfert de droits, de la distribution de la chaine Téléfoot par Canal+, ou d’une ristourne. Ou bien trahissent un blocage potentiellement désastreux si la LFP devait attendre plusieurs mois avant de rompre le contrat.

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