Combien vaut réellement la Ligue des Champions en France ?

Combien vaut réellement la Ligue des Champions en France ?

Certains cadres dirigeants doivent passer des nuits particulièrement courtes à l’approche de l’issue de l’appel d’offres pour les droits des Coupes UEFA sur la période 2021/24. Avec une question déterminante, quelle peut-être la meilleure offre ?

Après une inflation fulgurante ces dernières années, difficile d’y voir clair en France sur la valeur réelle de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Le repère, ce sont les 315 à 350M€ estimés du contrat actuel détenu par RMC Sport pour des droits exclusifs. Constitueront-ils le prix de réserve imposé par l’UEFA pour l’échéance à venir ?

Le difficile équilibre économique

Les partisans d’une baisse des prix ont leurs arguments. Le premier résulte de l’observation du cycle actuel. Avec une offre grand public à 19€ et après deux ans d’activité sous le nom SFR Sport, RMC Sport a conquis 2 millions d’abonnés, dont un tiers aurait été apporté mécaniquement par l’accord noué avec Canal+. La stratégie d’exclusivité en faveur de SFR et de l’auto distribution a évidemment joué, mais le pouvoir d’attraction de cette compétition comme le joyau quasi unique d’une chaîne s’avère réduit.

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Il est ainsi probable que des acteurs comme Canal+ et Mediapro ne viendront pas dépenser excessivement, bien que le deuxième cité pourrait profiter d’une situation de quasi-monopole avec Ligue 1/2 et Coupes UEFA pour proposer un tarif bien plus important que les 25€ estimés lors de l’acquisition de la Ligue 1. L’autre élément à considérer est le fait que des acteurs comme Altice et beIN ne feront pas forcément un calcul coûts/bénéfices aussi directs, le premier intégrant l’investissement a l’échelle de l’opérateur télécom et le second ne faisant pas de la rentabilité un objectif immédiat.

Le spectre du piratage

Pourtant, beIN s’inscrit dans une logique déflationniste. L’élément principal étant une lutte acharnée contre le piratage. Le groupe est particulièrement affecté au Moyen-Orient par une fraude massive du nom de beoutQ, opérateur pirate présent en Arabie Saoudite et reprenant l’intégralité de ses programmes. Si ce piratage a une connotation géopolitique particulière, la situation en France diffère. Le développement des offres légales par internet (OTT) s’est accompagné de nouveaux modes de diffusion pirate sur les télévisions connectées, supplantant qualitativement le streaming.

Face à cela, le patron de beIN Media Group prévient et menace. Interrogé récemment lors du Sport Business Summit, il estime que le modèle économique des droits sportifs mondiaux risque de s’effondrer en raison du piratage, tant il est imprégné dans la société. Et d’avertir que son groupe appliquera les conséquences des pertes de revenus induites par le piratage sur les montants des futurs contrats.

Un atout au delà du sport

Mais c’est bien l’irrationnel qui dicte les récentes négociations de droits premium du football en France. Plusieurs acteurs auraient intérêt à tuer le match pour utiliser ces droits acquis comme d’une arme déterminante à l’aube d’une consolidation attendue par les principaux observateurs du secteur.

Quelques utilisations sont déjà envisageables. Bénéficier de son importance en matière d’image pour conserver des abonnés en fuite, en faire une monnaie d’échange pour obtenir des droits importants ou les mettre en avant dans l’optique de négocier les futurs accords de distribution auprès des opérateurs. Des sujets qui vont bien au delà du simple montant des droits, et avec des intérêts économiques bien supérieurs pouvant justifier la rallonge.

L’inflation, stop ou encore ?

La tendance en Europe est à la stabilisation à un haut niveau. C’est en tout cas le cas sur le principal marché, le Royaume-Uni où la Premier League a réduit légèrement ses revenus domestiques pour le cycle qui débute et où la hausse des droits des Coupes d’Europe a été contenue par BT à moins de 10 millions d’euros annuels supplémentaires, alors que la concurrence était annoncée à l’affut.

En France, difficile de savoir si un rééquilibrage se fera à la baisse, autour du montant initialement attendu en 2017 (250M€ par saison), à l’équilibre face à ce qui pourrait constituer une nouvelle norme aux yeux de l’UEFA ou à la hausse, avec des acteurs particulièrement dynamiques ou d’éventuels invités surprise ayant la capacité de faire grimper fortement les enchères. Impossible enfin de déterminer le bon prix puisque il dépendra de ce que le vainqueur fera de son gain. Nous pourrions même considérer que le gagnant sera le survivant dans 4 ans… ou dans 6 mois.

2 commentaires

  1. Ca va être difficile de faire plus que ce que fait RMC Sport qui perd de l’argent dessus.
    Une alliance Canal/RMC qui marche déjà pour la Premier League aurait du sens. Ca permettrait d’assurer la survie des chaînes et de diminuer substantiellement la facture à la fois.
    Et Media Pro va avoir du mal à acheter les droits sauf à créer une chaîne à 35-40 euros/mois, ce qui semble excessif malgré l’exclusivité.
    Reste que Canal a un énorme trou footballistique pour la saison 2020/2021 avec seulement le championnat anglais. Je les vois mal ne rien faire avec tout l’argent économisé de la Ligue 1. Une alliance est vitale l’an prochain pour éviter l’écroulement total. D’où l’idée d’un deal avec RMC qui aurait du sens pour la Ligue des Champions, ou le rachat de BeIn qui a a certains droits de Ligue 1.

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