Laurent Salvaudon (RMC Sport) : "On travaille sur 7 antennes simultanément, c’est un truc de fou"

Laurent Salvaudon (RMC Sport) : « On travaille sur 7 antennes simultanément, c’est un truc de fou »

crédit photo : Yan Audic
crédit photo : Yan Audic

Laurent Salvaudon est direteur des rédactions de RMC Sport. Ses équipes ont lancé la semaine dernière les soirées de Ligue des Champions et de Ligue Europa du groupe, avec les droits UEFA nouvellement acquis. Retour sur cette semaine de lancement et de nouveautés pour discuter de l’aspect éditorial de RMC Sport.

Vous avez lancé la semaine dernière le dispositif de RMC Sport pour la Ligue des Champions et la Ligue Europa. Quel bilan faites-vous de cette première Journée ?

C’est un bilan très positif, on a sorti 4 antennes propres : RMC Sport 1 avec la grande soirée Champions Zone, RMC Sport 2 avec notamment le match de Monaco, et RMC Sport 3 avec le Multizone (le multiplex avec Salim Baungally), qui a bien fonctionné. Il y avait également RMC Sport News, dont le directeur de la rédaction est Laurent Lopez, et dont je ne suis pas directement responsable, avec en plus BFM TV et BFM Paris qui ont bénéficié de nos moyens. Réussir ce lancement est déjà un succès, c’est encore perfectible éditorialement, c’est normal, c’est une première.

De quoi êtes-vous le plus satisfait ?

C’est la couverture globale sur le terrain. Il faut le souligner, on avait envoyé 2 équipes de commentateurs sur les matchs de 19h, maintenant qu’il y a 2 matchs à 18h55, pour être précis, et 6 matchs à 21h. En plus des 2 équipes qu’on a envoyé pour les gros matchs des clubs français à 21h. Le mardi soir, on avait énormément de monde impliqué, et tout s’est bien passé, globalement. Et techniquement, d’une antenne à l’autre, car les commentateurs passaient sur RMC Sport News, puis sur la radio RMC, puis sur RMC Sport 1. Les équipes sur place peuvent ainsi passer sur plusieurs antennes successivement. C’est une énorme organisation, et une énorme mutualisation des effectifs. On était à peu près partout pour ces premières soirées, avec la Ligue Europa également pour couvrir les clubs français, et RMC Story en plus. On travaille sur 7 antennes simultanément, c’est un truc de fou.

Et de quoi êtes-vous le moins satisfait ?

J’ai un petit regret sur l’heure à laquelle on passe les images, il faut qu’on s’organise mieux. Surtout en Ligue Europa, où des résumés ont été diffusés un peu trop tard. On va le régler dès la deuxième Journée, pour que les abonnés aient fait le tour des images plus tôt dans la soirée.

François Pesenti nous avait expliqué que les premières discussions avec l’UEFA datent de fin 2017. C’est un travail de longue haleine pour intégrer tout l’univers UEFA.

Ce sont des droits qui permettent de faire pas mal de choses, mais qui demandent en amont une énorme organisation. Contrairement aux anciens diffuseurs, il y a 7 antennes à faire cohabiter, la mutualisation de ces antennes est assez fastidieuse. C’est un groupe qui découvre ce qu’est être détenteur de tels droits. L’UEFA autorise de faire plein de choses, mais il faut leur demander bien en amont. C’est ce qu’on a fait pour la deuxième Journée, on va proposer des duplex un peu originaux, notamment au Parc des Princes pour le match de 18h55.

C’est une contrainte pour vous ces 2 matchs qui s’enchaînent dans la soirée ?

C’est difficile de parler de contrainte quand on peut proposer des matchs de 19h à 23H pour nos abonnés. Mais éditorialement, oui, ce n’est pas « Champions Zone » sur RMC Sport 1 qui peut vendre le match de 21h au plus près. On va le vendre de 18h à 19h, un peu, car ce mardi on va surtout insister sur le match de 19h. Si vous êtes fan du club qui joue à 21h, vous pouvez zapper sur RMC Sport News qui briefe sur les matchs de 21h, pendant que RMC Sport 1 et 2 diffusent les matchs de 19h en direct. Et pareil pour l’après-match des rencontres de 19h, qui est diffusé sur RMC Sport News pendant les directs des autres matchs sur RMC Sport 1, 2 et 3. Le mot-clé dans le projet depuis le début, c’est de donner du choix aux abonnés.

Vous êtes contents des premières émissions de Champions Zone et de son animateur, Jean-Baptiste Boursier ?

Oui. Il a fait une bonne première mardi et c’était encore en progrès le mercredi, avec plus de rythme. Tout le monde a trouvé ses marques. Comme c’est un studio virtuel, ce n’est pas facile quand on est journaliste ou consultant. Il faut bien comprendre que toute l’équipe travaille sur un fond vert, il faut le prendre en main, c’est un peu impersonnel au début. Jean-Baptiste a l’habitude de ces grandes soirées, il a beaucoup d’expérience du direct, il a un côté news qui est intéressant, il a des facilités pour faire des breaking news. S’il repère une image qui vient de nos nombreux flux de live, il peut couper le débat pour lancer une interview par exemple. Il a l’habitude de gérer les consultants en plateau, car il l’a fait pendant l’Euro 2016 et les dernières Coupes du Monde, il a un flegme pour gérer notre Dream Team qui a de gros caractères.

Comment vous gérer d’ailleurs tous ces consultants ?

Ce sont des gens qui sont très importants pour nous, et on essaye de leur faire ressentir. On leur demande beaucoup, ils travaillent beaucoup entre les différentes antennes, on est à leur écoute et on les fait participer au contenu des émissions. Je pense que c’est comme ça qu’ils y trouvent leur plaisir. Nos consultants sont compréhensifs, ils sont intéressés par les équipes éditoriales, ils connaissent les chefs d’édition et les équipes de fabrication, et ils sont assez impliqués dans notre rédaction. Ils ont toujours une vision du foot qui fait que vous ne pouvez pas vous relâcher en tant que journaliste. Et il faut bien mettre en valeur leurs opinions via des images. C’est l’objectif d’avoir, dans les émissions d’après-match notamment, à chaud, une éditorialisation de ce qui vient de se passer, en 2 ou 3 axes forts, pour avoir un ressenti du match. Et pas partir sur un débrief de 45 minutes, car les abonnés ont envie de voir les images des autres matchs.

On a lu des critiques sur les réseaux sociaux concernant la place trop grande laissée aux débats par rapport aux images. C’est un exercice délicat à gérer cet équilibre entre débat et images ?

On a reçu deux styles de critiques sur les réseaux sociaux. Le premier style, c’était « Il faut donner plus de place aux consultants, qu’ils aillent plus au front, il faut mettre plus de vie. » Et je me dis que le fond vert a joué un rôle, car nos consultants, Christophe Dugarry, Emmanuel Petit et Willy Sagnol, on ne peut pas les caractériser de timides. Et de l’autre côté, certaines personnes se plaignaient de résumés qui arrivaient trop tard. On va rectifier tout ça, on va angler plus en sortie, leur rubriquer le débrief pour que ça parte tout de suite sur des axes précis. Qu’on ait des débriefs punchy, rapides, et qu’ensuite on déroule les résumés, avec pour chacun une image très forte qui porte le débat. Et à la fin, vers minuit, quand on a terminé de passer toutes les images, on peut revenir plus en détails, de manière plus spécialisée, sur les performances des Français et des grosses stars de la soirée.

Nous avons constaté qu’il y avait peu de publicités pendant les soirées de Ligue des Champions. C’est un choix éditorial ?

C’est un choix de François Pesenti, à partir du moment où vous faites de la TV payante, il n’y a pas de raison que les abonnés se prennent 8 minutes de publicité à la mi-temps. C’est 2’30 de pub à la mi-temps, donc, et pareil entre les 2 matchs.

Le plateau virtuel est assez impressionnant, et donne de l’espace à l’image. Quel était l’objectif en utilisant cette technologie ?

Ça nous permet d’enchaîner plus rapidement entre des émissions. Et comme vous l’avez vu sur le rendu, ça nous permet de réaliser des choses qui sont plus difficiles à faire en décor en dur. On n’est pas les seuls à utiliser cette technologie, mais elle va prendre de plus en plus de place. L’objectif est d’avoir un plateau le plus spectaculaire possible. Si vous voulez changer quelque chose qui ne vous plaît pas, en virtuel c’est très facile. Avec un décor en dur, il faut tout casser.

Sur RMC Sport 3, Salim Baungally a animé les multiplex de Ligue des Champions et de Ligue Europa. C’était nécessaire d’avoir un multiplex à chaque soirée ?

C’est toujours une question de choix. De notre expérience de téléspectateur, avant, on a constaté que tu peux regarder ton club sur une chaîne, si tu as la chance d’avoir un deuxième écran, tu peux regarder une autre rencontre en même temps. Mais il y a des gens qui n’ont pas envie de choisir, et le multiplex est fait pour eux, pour ceux qui aiment la Ligue des Champions comme une expérience d’ensemble. L’avantage du multiplex, c’est qu’il vous tient en haleine jusqu’au bout. La consigne, c’est qu’on ne va plus du tout, ou très peu, sur les matchs où il y a trop d’écart au score. Le multiplex permet d’avoir du suspens jusqu’au bout. Et en Ligue Europa, en moyenne pour les matchs de 21h, il y a 30 buts, c’est agréable à regarder, même si toutes les équipes ne sont pas connues.

Le jeudi, vous avez lancé RMC Europa, avec Nicolas Jamain, qui vient de BFM Sport. Vous êtes content de sa première soirée ?

Nicolas Jamais assure sur RMC Sport la partie omnisports de l’émission « Breaking Sport », une quotidienne du lundi au vendredi. On connaissait son potentiel, il a un flegme, il adore jouer avec les consultants, on n’est pas surpris de le voir à un très haut niveau. C’est un grand espoir du groupe, comme le dit François Pesenti. On est très contents de sa prestation pour une première, tout comme celle de Jean-Baptiste Boursier, parce qu’avec des droits pareils, et la pression inhérente, avec des décors qui sont grands, et en réalité virtuelle en quasi intégralité, ils ont bien géré. Après, c’est à nous de bien les débriefer pour les prochaines émissions. On veut plus de rythme, d’émotion, plus d’images fortes, pour angler toujours plus, et ne pas avoir une litanie de résumés avec trop d’analyse, trop de data et trop de statistiques.

Vous avez d’autres projets pour enrichir les soirées européennes de RMC Sport ?

On a déjà mis en place des nouveautés pour la première Journée. Pour que les téléspectateurs ne soient pas perdus dans l’avant et l’après-match, on a mis en place une ‘rivière’ avec les matchs. En habillage, à l’antenne, sur la gauche de l’écran, on a la liste des matchs traités dans l’émission, avec le sujet en cours qui est en surbrillance. Si vous arrivez au milieu de l’émission, vous savez quels matchs ont été traités et quels seront les suivants, c’est un confort pour l’abonné. Ensuite, on a pris Stéphane Lannoy comme consultant, pour éviter les débats sempiternels sur l’arbitrage, avec des gens qui ne connaissent peut-être pas parfaitement les règles. On a ainsi désamorcé pas mal de choses, il donne les règles et son interprétation qui va avec. Stéphane Lannoy viendra à toutes les émissions de soirées européennes, du mardi au jeudi. Et enfin, on a ajouté de la data, en habillage également, à propos des autres matchs de la soirée. Ce n’est pas seulement de la data, d’ailleurs, ce sont des histoires, ce sont des raisons de regarder les autres matchs à venir. Le but n’est pas d’enchaîner les résumés froids, mais de donner aussi de la profondeur et de permettre aux téléspectateurs de se faire leur propre opinion, en plus de celle de la Dream Team.

3 commentaires

  1. Très intéressant d’avoir des infos sur le contenu et les dispositifs. Par contre, pas de question sur les critiques liées à la plateforme OTT lors du lancement, pour quelle(s) raison(s) ?

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