Les géants du net et les droits sportifs : quels enjeux ?

Les géants du net et les droits sportifs : quels enjeux ?

Logos géants du web

GAFA, un acronyme qui fait beaucoup parler et qui fait peur à un certain nombre d’acteurs, tant ils bouleversent des modèles économiques bien établis. C’est dans ce terme que l’on regroupe les géants du web, Google, Apple, Facebook, Amazon, mais aussi Amazon, Microsoft, Yahoo, LinkedIn. Désormais, ces géants multinationaux du net s’intéressent au marché des droits sportifs.

Dernier exemple en date, l’acquisition par Amazon de droits pour du contenu vidéo autour de la Bundesliga. Pour le groupe américain, il s’agit d’une occasion de diffuser des documentaires sur son offre de vidéo à la demande Amazon Prime.

Mais l’annonce la plus retentissante est l’accord entre Twitter et la NFL (ligue de football américain) pour la diffusion en direct de 10 des 16 rencontres du jeudi soir (le fameux Thursday Night Football). Selon CNBC, cet accord coûterait 10 millions de dollars (8,81 millions d’euros) au réseau qui vient juste de fêter ses 10 ans, un prix très en deçà du coût des droits TV de la prospère ligue de football (cela fait 1 million de dollars le match alors que CBS et NBC payent 45 millions le match). L’entreprise a remporté la mise devant d’autres géants en lice, comme Verizon, Amazon et Yahoo ! (qui avait déjà diffusé un match en direct le 25 octobre dernier, succès à la clé). Facebook était pressenti mais s’est retirée de la course.

Mais pourquoi les géants du net s’investissent-ils autant dans la diffusion de contenus sportifs déjà bien exposés, et parfois très chers?

TWITTER, le gros coup du Thursday Night Football

Pour Twitter, l’enjeu est peut-être de trouver un relais de croissance, car l’entreprise est critiquée par les investisseurs boursiers du fait de son manque de croissance du nombre d’utilisateurs. La diffusion de sport en direct lui permettra peut-être de toucher un nouveau public, donc de nouveaux utilisateurs et de nouveaux revenus en perspective. En effet, le réseau peine à passer la barre des 320 millions d’utilisateurs, surtout des personnes très connectées comme les politiciens, journalistes et autres célébrités.

Roger Goodell, manager de la NFL, l’a bien expliqué, « Il y a une importante quantité de conversations liées à la NFL sur Twitter durant nos matches et aller chercher ce public, en plus des téléspectateurs des grandes chaînes gratuites et du câble, va faire en sorte que (les matches du jeudi soir) seront vus sur un nombre de plateformes sans précédent ». Le probable gain est donc aussi bien pour Twitter que pour la NFL, qui vise à aller chercher les (télé)spectateurs là où ils sont. Pour rappel, les matches du jeudi soir diffusés précédemment sur CBS ont attiré en moyenne 17 millions de téléspectateurs la saison dernière.

Le point important pour nous téléspectateurs français est que, selon les informations dévoilées par les deux protagonistes de ce deal hors norme, ces matches seront diffusés gratuitement par Twitter, sans qu’il soit besoin de s’enregistrer sur le réseau, et ce pour les spectateurs du monde entier (sans restriction géographique).

FACEBOOK, l’envie du direct

Facebook aussi se met au sport en direct, via l’application Sports Stadium. Une application vue comme un « lieu dédié à l’expérience sportive en temps réel avec vos amis et le reste du monde ». Dans le détail, l’utilisateur peut suivre les actions, mais surtout voir les messages publiés par ses amis, les avis de professionnels triés par Facebook, et des statistiques sur le déroulement du match. Une manière pour Facebook de récupérer des fans de sport qui privilégient plutôt Twitter et sa plus grande réactivité et facilité d’utilisation.

Plus récemment, Facebook a montré des ambitions sur la vidéo en direct. Pour cela il n’hésite pas à rémunérer certains éditeurs. Va-t-il aller jusqu’à payer pour retransmettre des événements sportifs ? Son retrait de dernière minute du marché avec la NFL, alors qu’il était le favori, peut-en laisser douter.

GOOGLE, la mise en avant des données via les cards

Quant à Google, les diffusions de sport se font principalement via Youtube. Certaines ligues ou certains événements sportifs y trouvent un moyen d’augmenter leur audience et de l’internationaliser, sans que cela coûte cher en prestataires ou soit compliqué à mettre en place techniquement. Le Comité International Olympique a permis la diffusion des Jeux Olympiques sur le site, seulement pour les pays où les droits n’avaient pas été attribués. De même pour les Jeux du Commonwealth, pour son édition 2014, où lors des Jeux Européens 2015 de Baku, qui étaient largement disponible pour les téléspectateurs français via Youtube.

Google aide aussi à la contextualisation de certains événements sportifs, via les Google Cards (affichage de résultats en haut de page lorsque l’on tape une recherche).

AMAZON, la volonté de remplir le catalogue VOD – SVOD

Pour le moment, le géant américain de la vente en ligne s’est montré intéressé par l’acquisition de droits sur des magazines et contenus permettant d’alimenter le catalogue de son offre de vidéo à la demande Amazon Prime. Autre gros coup, la signature de la nouvelle émission du trio historique de Top Gear (Jeremy Clarkson, James May et Richard Hammond), The Grand Tour, dont la première est prévue à l’automne 2016.

Amazon a signé un accord avec la Ligue Allemande de Football, organisatrice de la prestigieuse Bundesliga, pour diffuser sur son service de Vidéo à la demande « Amazon Digital Video Store » des formats sur les matches et joueurs de légendes.

Mais pourquoi donc le sport séduit-il autant ces géants ? Car ces réseaux sociaux sont souvent des médias de l’instantané, et le sport est un des rares vecteur d’émotions collectives que tous peuvent partager au même moment. Ce qui permet aux réseaux sociaux d’augmenter le nombre de commentaires, de likes et de partages, alors que ceux-ci stagnent, les premières cibles de ces réseaux étant déjà convaincues. C’est ainsi qu’une étude à montré que le sport était le seul événement télévisuel non touché par la dé-linéarisation (replay). Le sport se vit en direct et souvent entre amis ou en famille.

Le défi pour ces acteurs est bien celui de la monétisation de cette audience. Et le sport est bien un vecteur d’attraction, mais aussi un moyen efficace pour diffuser des publicités (notamment lors des nombreux temps morts des sports américains).

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