Le Barça de Rosell: un modèle qui s'effrite

Le Barça de Rosell: un modèle qui s’effrite

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« Mès que un club »

Le FC Barcelone a toujours été plus qu’un club : un modèle qui revendique sa particularité et veut s’éloigner de l’esprit « entreprise » des autres grands clubs européens. Ainsi, par exemple, le club catalan fait partie des quelques clubs gérés de manière démocratique puisqu’il appartient à ses abonnés, ses « socios », qui élisent notamment le président du club. Si ce modèle est assez courant de l’autre côté des Pyrénées, il se démarque du modèle entrepreneurial des autres clubs reposant sur leurs actionnaires ; et si ce modèle n’est pas parfait et souffre des maux de toute démocratie, il a néanmoins le mérite de reposer sur ses abonnés, ce qui lui confère un aspect plus populaire.

Une autre particularité du FC Barcelone est qu’il n’a, depuis sa fondation en 1899 et ce jusqu’en 2011, jamais arboré de sponsor sur son maillot, si ce n’est entre 2006 et 2011 où un partenariat avec l’Unicef rehaussait un peu plus l’honneur et le respect qu’imposait ce modèle. Le Barça faisait ainsi figure d’exception en Europe – avec l’Athletic Bilbao – à ne jamais avoir arboré de sponsor sur son maillot.

Ceci ajouté à un modèle sportif qui, ces dernières années, était loué de toutes parts par le rôle accordé à son centre de formation – « La Masia » – d’où sont issus la plupart des joueurs ayant contribué aux années de domination catalane – et par extension espagnole – en Europe depuis cinq ans. Xavi, Iniesta, Fabregas, Piqué, Puyol, Valdès, Pedro, Alba, etc… autant de joueurs qui ont fait les beaux jours du Barça comme de la Seleccion.

Le tournant Rosell :

En 2010, Joan Laporta, alors président depuis 2003, cède sa place à son rival Sandro Rosell. Ce dernier s’empresse alors d’attribuer à son prédécesseur l’état des finances du club, et ne cesse d’accuser Laporta d’une mauvaise gestion de l’entité catalane. Ce dernier à même été l’objet d’une poursuite en justice de la part du nouveau président pour mauvaise gestion du club. On ne s’en doutait pas alors, mais ces accusations étaient le début du projet de Rosell, et n’étaient autre qu’une tentative de justification du tournant que va entreprendre ce dernier une fois installé à la présidence.

Exit le maillot sans sponsor : le Barça annonce fin 2010 un partenariat avec la Qatar Foundation, un organisme sans but lucratif affilié à l’état du Qatar, qui se matérialise par un contrat de 166 millions d’euros, portant sur 6 ans et se matérialisant par la présence du logo de cette fondation sur le maillot du Barça à partir de l’année 2011. On se dit alors que remplacer le logo de l’Unicef par celui d’un autre organisme sans but lucratif n’est pas de nature à s’arracher les cheveux. Seulement, les saisons 2011-2012 et 2012-2013 ne seront qu’une transition vers un vrai sponsoring économique puisqu’en mars 2013, un partenariat avec la compagnie aérienne Qatar Airways est annoncé pour une somme de 170 millions d’euros, et le logo de la compagnie apparait dès lors sur le maillot blaugrana. Pour ne pas exciter le peuple culé, le logo de l’Unicef est relégué au dos du maillot, mais cela n’empêche pas le club catalan d’opérer un tournant dans son histoire.

Mais le Barça pourrait ne pas s’arrêter là. On apprend en effet il y a quelques jours que le Qatar pourrait également apposer son nom au Camp Nou, antre symbolique de l’identité catalane du club, qui deviendrait alors le « Qatar Camp Nou Stadium » en contrepartie du versement de la somme faramineuse de 350 millions d’euros sur 30 ans.

Entre temps, Sandro Rosell avait décidé en début de saison de faire payer aux enfants de moins de 7 ans l’accès au stade, rompant avec la gratuité qui leur était accordé sous Laporta, et est aujourd’hui l’objet d’une enquête concernant le financement du transfert de Neymar en juillet dernier, qui selon le journal El Mundo n’aurait pas couté au club catalan 57 millions d’euros mais 95 millions, soit un surplus de 38 millions d’euros correspondant à des commissions à des tiers ainsi qu’au financement de projets fictifs au Brésil. Une opération de camouflage financier assez courante dans le monde du football mais problématique dans le cas du modèle catalan qui doit rendre compte à ses socios – propriétaires du club – de l’utilisation de leurs cotisations.

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